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Lazare médecin atypique

Lazare médecin atypique

c'est la deuxième vie de mon blog Alceste médecin atypique , après une fracture de vie , revenu du royaume des morts , et devant l'entrée de la vallée des ombres mon regard a nécessairement changé


Négritude

Publié par anton ar gwillou sur 5 Décembre 2015, 12:17pm

Catégories : #société

Négritude
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Négritude

C’est aux caraïbes que j’ai compris la beauté culturelle et physique de ce peuple qu’on dit africain. J’entends parler de peuple, car il ne saurait être question de race. Nous savons tous que nos origines occidentales sont là, dans la vallée du grand rift, d’où sont partis les premiers hominidés. Par quel malice, l’évolution a-t-elle conduit à ces hommes blancs et malingres qui ont fini par imposer leur suprématie, c’est un mystère, de même que la disparition de Neandertal.

Je ne me lassais pas, à la plage, d’admirer ces grands corps, musclés et luisant émergeant de l’eau. Cette puissance contenue, cette esthétique parfaite qui s’inscrit si idéalement dans les critères mathématiques de l’homme de Vitruve. Force inertielle, qui ne demande qu’à s’exprimer, fluidité du geste qui sait l’énergie disponible, amplitude de mouvement de ces grands corps déliés, on ne peut qu’être admiratif.

Émergeant paradoxalement de cette masse de muscles, une étonnante nonchalance, une désinvolture gestuelle de l’attitude, qu’on pourrait comparer à l’impression donnée par un grand fauve, humant l’air à la recherche d’une proie tout en maraudant dans la savane .Le geste est ample souple fluide, aucun effort n’est perçu, en un mot naturel.

Je pense que c’est cela qui impressionne et déstabilise : cette force brute parfaitement contenue et maîtrisée, mais dont on sait qu’elle est à disposition.

Mais parfaitement surprenant, si vous vous promenez dans un petit quartier d’un faubourg de Point-à-Pitre par exemple, vous constaterez qu’il existe certes une agitation, mais qu’elle est surtout le fait des blancs ou apparentés. La population autochtone est massivement, comme en observation, qui assis qui debout, comme déposée par la vague à marée basse .Suprême adaptation au climat, relents génétiques, économie avare de l’énergie, je ne sais, je constate simplement. Là encore, on retrouve l’image du fauve négligemment allongé sur son rocher , au moment des grandes chaleurs observant la savane environnante , faussement assoupi , prêt à bondir sur sa proie .Peut être , perçoit-on une légère ironie devant notre agitation de « «métro » .J’ai souvent croqué à l’aquarelle certaines de ces postures de parfait dandy qu’ils adoptent , une forme d’élégance qui les fait irradier, simplement vêtus d’un pauvre pantalon et d’un couvre-chef de paille délabré .

Complètement diffèrent est de les observer au travail, par exemple dans les champs de canne à sucre. Une impression de machines puissantes qui avancent inéluctablement dans la tâche , sans effort , à pas mesuré , toujours cette économie du mouvement .Quand on les pratiquent ,comme j’en ai eu l’occasion , dans les conditions d’un bloc opératoire par exemple , il y a toutefois un côté irritant pour un « métro » : tout se fait , mais on a l’impression qu’il vivent dans un autre espace-temps .C ‘est du reste ce qui s’impose à vous quand vous vivez de façon durable et active sous les tropiques , et non pas comme touriste . Le temps, ce fameux temps ralenti. En quelques sorte, il sont les bosons d’un champ de Higgs, dans un autre référentiel temporel .

Mais dans un tout autre chapitre, une caractéristique majeure, définit complètement ce grand peuple, caractéristique universelle et qui suffit souvent à le décrire pour le commun. La joie de vivre, cette hilarité permanente, cette indifférence apparente, à ce qu’ils vivent, ce souverain mépris pour le matériel en ce qu’il ne saurait les empêcher de rire, chanter et surtout danser. Pourtant rien d’absurde puisque qu’on retrouve cette connexion, avec la nonchalance, qui caractérise leur marche dans la rue comme dans la vie .Ces grands rires explosent hors de ces grandes bouches aux dent s étincelantes de blancheur, à l’image du soleil tropical. Epicure, Epictète, ne renieraient pas la philosophie qui irradie de leur manière d’être à la vie. Rire , chants , danse, les trois coordonnées spatio-temporelles des blacks .Attablez-vous parmi eux , le rire vous happe , la gestuelle devient fluide , le temps s’arrête , le monde dans sa triste réalité disparait , et bientôt pour peu que le rhum coule un peu , que la nuit soit tombée , la danse emporte tout le monde dans ses rythmes syncopés , chaloupés .

Le rythme, voilà bien ce qui les constitue intrinsèquement. On a l’impression qu’ils sont des métronomes sur patte ! Ce génie de la syncope, c’est à ça que nous devons toute la culture rock et pop de notre civilisation actuelle. Imaginez qu’elle serait notre musique si les esclaves dans les champs de coton ne s’étaient pas mis à chanter le blues ! Pas de jazz, pas de King, pas de Beatles, pas de Rolling stones ! Et au-delà du rythme, quelle émotion quelle nostalgie, dans ces musiques issues des mélopées africaines.

Ce sont aussi de grands conteurs descendants des griots, des penseurs imprégnés de sagesse ancestrale pour peu qu’on veuille bien l’écouter, d’incroyables poètes comme Aimé Césaire.

Pour les découvrir et les comprendre, il faut pourtant vivre dans leur monde, car dans nos grises citées de culture occidentales ils sont comme des singes en hiver .Là, c’est comme si le froid les paralysait complètement. Toute cette énergie, ce potentiel, peine à s’exprimer, un sortilège les rend sombres, et c’est peut-être à ce moment qu’on réalise qu’ils sont noirs. Cette lumière, ce soleil noir qu’ils irradient dans leur univers a disparu, en fait ils sont grisâtre, pas noir .Alors comme les femmes, ils devront prouver leur valeur à chaque fois, comme si leur humanité n’allait pas de soi.

Un poète a dit que la femme est l’avenir de l’homme, et moi je dis que le grand peuple de l’Afrique est l’avenir de l’humanité, comme il a été son berceau.

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