La médecine que j'aime

saint just

Vendredi, j’ai pratiqué la médecine que j’aime. J’ai une conception éthiquement rigide de mon métier et c’est la raison qui m’a fait préférer la pratique dans le cadre du système hospitalier publique, car, j’estime qu’il ne doit pas y avoir de rapport marchand quand on soigne quelqu’un.

Une jeune femme, s’est présenté à ma consultation, et a voulu tout de suite m’expliquer sa situation : « Docteur, je suis sans domicile (elle a dit ça, comme ça) », avant que je n’ai le temps de comprendre pourquoi elle venait. Je l’ai regardée et un désespoir prégnant m’a envahi ; j’étais dégouté de cette société qui permettait que ses jeunes soient à la rue. J’ai écouté son histoire, et nous avons enfin étudié son problème médical ; c’était grave, et là j’ai été très heureux d’être à ma place, comme praticien, fonctionnaire, dans un système de santé qui se devait de prodiguer ses soins à tous, indigents ou riches. Je l’ai félicitée d’avoir eu le courage de venir ; elle n’avait aucune couverture sociale, les urgences l’on accueillie, et me l’ont envoyée ; l’assistante sociale s’occupe de la sécu et de la CMU, et l’hôpital prend en charge tous les examens et les soins. J’ai passé une heure avec elle et ça, seul notre système le permet ; c’est pourquoi j’ai toujours été opposé au privé dans le public. J’ai fait en sorte que cette femme soit soignée par l’ETAT FRANÇAIS, et qu’elle ne se heurte pas à un mur si elle doit aller dans un grand centre pour un acte plus lourd. Le système que l’on veut détruire permet à un SDF d’avoir une chirurgie lourde ni mieux ni moins bien qu’un PDG, libre à lui d’aller dans le privé et d’avoir un service hôtelier trois étoiles. C’est ce qui fait que le monde entier nous envie notre système de santé. Contrairement aux Etats Unis, la première chose qu’on vous demande aux urgences ce n’est pas votre carte bancaire. De la même façon je suis écœuré par les consultations privés avec dépassement d’honoraire à l’hôpital, voir même des lits privés qui utilisent le plateau technique publique ainsi que le personnel, pour le prix d’un minable reversement. Chacun s’est vu proposé un rendez-vous à 6 mois en public et le lendemain en privé ! Vous trouvez ça normal ? Avant mon accident, mon grand plaisir , était que , comme ma réputation était bien assise, les bourgeoises, devaient attendre comme les autres dans ma salle d’attente décrépie, comme souvent à l’hôpital ( j’ai souvent fait remarquer , que dans les grands hôpitaux parisiens , bien souvent, les locaux et l’hôtellerie laissent à désirer , mais il vaut mieux une 2CV avec un moteur de BMW, qu’une BMW, avec un moteur de 2CV) .Ils va sans dire que je les soignais avec la même attention que les autres , mais ni plus, ni moins .De la même façon , c’est cette éthique qui m’a fait répondre à un ancien de la division SS française « Charlemagne », après qu’il m’ait révélé son histoire personnelle : « cela ne change rien pour moi quant à ce que je vais faire pour vous , mais ne me demandez pas ce que j’en pense ».Je suis la dernière vague de ceux qui ont fait leur service militaire, et cela ne m’aurait pas perturbé d’être mobilisé, car le médecin est le seul qui ait le privilège de soigner aussi bien le soldat allié que l’ennemi. On m’accusera d’être un Saint Just de l’éthique médicale, mais que m’importe, je fais ce en quoi je crois. Même problème pour l’IVG, je n’ai jamais envisagé cela pour mon histoire personnelle ( et le seul fait , il y a longtemps, que cette idée m’ait effleuré, me torture encore) , mais , il ne m’appartient pas de refuser mon aide à celles qui sont en détresse, et pourtant croyez-moi , c’est très dur à faire, très dur quand on respecte comme moi la vie au sens bouddhiste (mais les bouddhistes acceptent le principe de l’IVG).Voilà , la boucle est refermée, comme mes parents on fait l’école républicaine , je pratique la médecine que la république a voulu .