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Lazare médecin atypique

Lazare médecin atypique

c'est la deuxième vie de mon blog Alceste médecin atypique , après une fracture de vie , revenu du royaume des morts , et devant l'entrée de la vallée des ombres mon regard a nécessairement changé


Ecole des champs, école de vie

Publié par anton ar gwillou sur 25 Janvier 2015, 10:39am

Catégories : #mémoire

le château de Luynes, village des bords de Loire où tout a commencé

le château de Luynes, village des bords de Loire où tout a commencé

j’ai plutôt été un mauvais élève à l’école de la vie, du genre, au fond de la classe, et bien entendu aux résultats plutôt décevant, comme diraient mes parents,enseignants de leur métier ;

L’école pourtant c’est un milieu que je connais bien ; je suis pour ainsi dire né en son sein ; avant l’âge de 6 ans mes parents étaient les instituteurs ,comme on disait à l’époque , d’une petite école poussée très curieusement en plein champs très à distance du village ( j’en aurai l’explication de nombreuses années plus tard ) .Nous habitions dans le logement de fonction en face de l’école ,bâtiment neuf à la façon de l’architecture des années 50/60 ,moche pour tout dire ( se référer au film de Tati : » mon oncle » ) ; nous avions un petit jardin clôturé où mon père faisait pousser des radis pédagogiques . Mon grand-père paternel, maréchal ferrant ,avait fabriqué un portail, toujours en place à cette heure, afin d’éviter que mon frère et moi n’allions sur la route bien peu passante pourtant; la maison proprement dite faisait l’angle entre un chemin vicinal conduisant à la ferme de Monsieur et Madame R° fermiers sans enfants qui nous gardaient de temps en temps , et une route conduisant au village et pour moi à l’époque au-delà vers l’infini comme dirait un héros de dessin animé bien connu .Cette maison je l’ai revue depuis, ainsi que l’école ; rien n’avait changé , sauf que …. Elle était au milieu du village qui avait poussé, poussé jusque, et au-delà, bien au-delà de l’école des champs comme je l’appelais .C’est pour cela qu’elle avait été construite aussi loin ; car mon père directeur, de cette futur école, avait conseillé au maire, ce site lointain, prévoyant l’extension du bourg dans cette direction, en raison de la présence de la Loire de l’autre côté.

De ces considérations cadastrales, mon enfance a été profondément marquée, ma vie aussi dans sa destinée portera cette marque douce mais profonde.

J’ai donc été à l’école des champs et pas à l’école maternelle (un psy tomberait en extase devant cette phrase). Les champs, je les voyais de ma fenêtre, j’y allais avec ces paysans, je côtoyais cette vie paysanne, ses habitudes, son rythme saisonnier, ses fêtes simples bruyantes et joyeuse (« jour de fête «  Tati ) ; ces gens qui nous gardaient étaient merveilleux de gentillesse, de courage, et de simplicité .Cette brave dame faisait une tarte aux pommes dure comme du bois mais si bonne ……. !

Nous avions également une personne qui venait pour le ménage et pour nous garder : Suzanne !  Merveilleuse Suzanne dont le mari était artisan peintre ; il avait annexé un troglodyte pour son atelier ; c’était mystérieux et sombre et puis il y avait ces odeurs d’essence de térébenthine, au fond  une cave à vin et à l’entrée il avait aménagé une sorte de guinguette où il dégustait avec mon père ces bons vins de Touraine.

Depuis la petite maison je voyais les élèves arriver, qui a pied, qui à vélo, pas de voiture ; ils étaient grands même dans la réalité car mon père les préparait au certificat d’étude. Je les enviais et je voulais comme eux aller dans cette école.

J’allais dans la classe de ma mère, parfois j’allais avec mon père aux cours du soir qu’il donnait aux travailleurs ; le midi il m’arrivait de manger à la cantine les délicieuses boulettes de viande à la purée. Mes deux grand père venaient alors et ils me marquèrent profondément ; l’un m’apprenait les métiers et les choses de la campagne l’autre commençait mon éducation et me parlait de cette terrible guerre (la grande) dont il revint blessé mais vivant.

 

Ce petit village antique vivait à l’abri du magnifique château de Luynes. Je me souviens des Halles, et de la maison à colombage ; dans la salle des fêtes sous les halles mon père faisait des projections de cinéma ; je me souviens très bien des films : les premiers. Il y a avait enfin le docteur P qui accoucha par deux fois ma mère et à qui elle vouait une admiration sans borne, ce qui combiné  à la lecture des » hommes en blanc « de Soubiran causa ma perte, puisque ma mère se mit à imaginer que je serai médecin.

Le destin m’avait du reste marqué en faisant que ma mère accoucha un jour de fort arrivage de bébé à la clinique, si bien qu’elle se retrouva dans le vestiaire des chirurgiens en attendant une place, chaque médecin venant voir cet enfant, au grand plaisir de ma mère, qui en guise de reconnaissance complota pour accomplir son projet .Ainsi mon destin fut celé dans ce petit village de Touraine . Ne pouvant y échapper ma vie fut donc celle d’un mauvais élève de la vie. En réalité, je me demande maintenant, si ma mère est aussi responsable que ça de mon orientation .Certes, il y a le discours, mais il ne faudrait pas oublier aussi, l’épisode de mon père. Quand j’ai obtenu mon bac, j’étais très indécis .Fortement littéraire j’avais néanmoins suivi une filière scientifique et je pensais malencontreusement qu’il n’y avait pas d’avenir dans les lettres. J’avais opté pour l’ingénierie en chimie. Mon père me rétorqua alors sèchement : « tu n’as pas le niveau, pourquoi tu ne ferais pas médecine, tu aimais ça avant ? »Déstabilisé, je lui proposais ce marché : je tente une seule fois le concours et si je ne l’ai pas je fais ce que je veux. Il accepta .Je comptais sur le difficulté réputée de l’épreuve. Je me souviens que le jour des résultats, mes parent m’ont forcé à y aller, et je suis resté dans la voiture pendant que ma mère partait consulter les affiches .Et voilà qu’elle revient comme une furie, j’étais reçu !Ca alors ! Je me suis toujours demandé si je n’avais pas fait l’objet d’une erreur. Je me suis dit, que puisque cet examen était si dur, cela valait peut-être le coup de continuer. « Bizarre, vous avez dit bizarre , comme c’est étrange » , dirait l’inoubliable , Louis Jouvet .

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M
Agreable melange de souvenirs et de reflexions… Un beau texte.
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M
Qu'ajouter à ce texte si touchant et restituant toute une partie de notre vie , à nous Antoine . C'est tellement vrai tous ces détails auréolés d'une époque qui semblait si paisible ....Mes débuts de pédagogue ( non convaincue alors ) .Mr et Mm Richer , les fermiers si accueillants , Suzanne , Mr .Bresson qui peint de gracieux Bambi sur la tête de vos lits ...tant d'anecdotes savoureuses ! <br /> Et ce fut Tours ...Alors ,Luynes ,devint le regret de toute la famille . Didier et toi tristes et ne cessant de regretter leur vie à Luynes ,tandis que je devais conduire 35 élèves vers l'apprentissage de la Lecture ( et pas un redoublant ) avait dit le terrible Directeur! Lourd , très lourd tandis que ton père voguait vers de nouvelles responsabilités . Alors Luynes !.... Merci de ce joli texte Antoine

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